Nouvelle-Calédonie : le p’tit tour de Grande Terre

Mille kilomètres. Cinq jours. Une 207, deux tentes, une grosse glacière et un briquet. Mardi, on se mettait en route pour notre première aventure calédonienne, le tour de Grande Terre. Une belle aventure dont on est revenus humides, salés, puant le feu de bois mais joyeux.

Jour 1, Nouméa – Farino – Bourail

Partir à la découverte de la Côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie est une aventure inoubliable. Cette région, réputée pour ses paysages à couper le souffle, est accessible par la célèbre route RT1. C’est dans une 207 toute neuve que nous avons débuté notre périple, en compagnie de Lucas et de ses parents, également en tournée de Grande Terre.

Découvrir Farino, la seule commune de la Nouvelle-Calédonie sans accès à la mer, c’est partir à la rencontre de la jolie rivière éponyme. Nous avons été accueillis par Rony, qui nous a montré le captage d’eau potable qui alimente toute la commune. C’est une chance unique de découvrir la vie quotidienne des habitants de la région.

Notre aventure s’est poursuivie à Bourail, où nous avons fait la rencontre du Bonhomme, un « monolithe de quartz dur sculpté par les vagues », à la pointe de la Roche Percée. L’imposant personnage est réellement le « must » du coin, et après lui avoir serré la pince, nous avons fait un tour à la Baie des Tortues, entourée de pins colonnaires à la nuit tombante. Nous avons eu la surprise de voir des tortues barboter au bord de l’eau. Un moment magique et inoubliable.

Nous avons ensuite rejoint le camping sur la plage de Poé, où nous avons planté nos tentes pour la première fois. C’était l’occasion de profiter des talents de Rony pour allumer un feu à partir de trois brindilles. Les merguez et les patates étaient prêtes à flamber, c’était un vrai délice. Malheureusement, quelques gouttes de pluie sont venues interrompre notre soirée, mais cela ne nous a pas empêchés de faire la rencontre d’un chien plein de bave, qui nous a offert un moment de rigolade.

Enfin, il était temps d’aller se reposer. Nous étions déjà cuits, mais heureux et émerveillés par toutes les découvertes que nous avions faites au cours de cette première journée. La Côte Ouest de la Nouvelle-Calédonie regorge de trésors à découvrir, et nous étions impatients de voir ce que la suite de notre aventure nous réservait.

Jour 2, Bourail – Voh

La matinée est. grisâtre… Mais peu importe. Nous glissons hors de la tente vers le sable pour prendre une promenade sur la plage de Poé, longue de 17 kilomètres. Il pleut légèrement, et si l’eau n’était pas si transparente, nous pourrions penser être à Noirmoutier.

Après un énorme sandwich américain à l’Hibiscus de Bourail, nous prenons la route pour Koné, puis Voh, où nous trouvons un site de camping si incroyable qu’il est déjà envahi par des essaims de moustiques. Nous allumons un feu digne des plus belles cheminées, que nous garnissons des merguez restantes, et lorsque nous en avons assez des moustiques affamés, nous nous endormons comme des bébés.

Jour 3, du coeur de Voh à Hienghene

Découverte matinale étonnante : la lumière du soleil brille de mille feux ! De plus, nous avons une casserole pour préparer notre café. Quel luxe incroyable ! Manu prend même une douche froide pour célébrer cette belle journée qui s’annonce. Notre programme de ce matin est ambitieux : nous allons partir en balade pour admirer le cœur de Voh, que vous connaissez déjà grâce à la photo de Yann Arthus-Bertrand. Tout au long de notre ascension, notre blague récurrente sera de chercher ce fameux cœur qui est dans nos têtes. Est-ce que ce truc pointu est le cœur ? Et là-bas, est-ce que ce n’est pas un dépotoir ?

En tout cas, la situation est sérieuse. Mais finalement, comme le monsieur que nous avons rencontré en redescendant nous l’a dit, le cœur finit par nous « éblouir ». Une fois qu’on l’a repéré, impossible de ne pas le remarquer.

La deuxième étape de notre journée consiste à prendre la route transversale de Koné pour rejoindre la côte est, plus précisément le lieu-dit Tiwaka. La route est absolument magnifique, et nous nous arrêtons au bord d’une jolie rivière où Manu prend un bain rafraîchissant. Malheureusement, pendant la baignade, notre réservoir se fait voler.

Nous prenons ensuite la direction de Hienghene, où nous réalisons que la végétation et l’atmosphère sont complètement différentes. Nous saluons la « poule », facilement reconnaissable, et nous nous installons pour la nuit au camping. Nous passons tellement de temps à cuire nos steaks de cerf que nous finissons par les manger à l’apéritif, et la précieuse viande sera finalement partagée… avec le chien du camping.

Jour 4, de la cascade de Tao à l’îlot Tibarama

La journée s’annonçait épique mais nous ne le savions pas encore. Nous traînions joyeusement au camping avant de nous rendre à la majestueuse cascade de Tao, haute de cent mètres. Pour y arriver, nous avons pris le dernier bac de Calédonie sur la Ouaieme. Rony et Manu ont fait un plongeon, quant à moi, je me suis endormi au soleil en comptant mes boutons de moustiques.

Après avoir lézardé suffisamment longtemps, nous sommes partis à Poindimié où nous avons retrouvé Lucas pour une aventure tragi-comique : louer des kayaks pour rejoindre l’îlot Tibarama, au large du camping de Mo Sa Sa, et y passer la nuit. Le premier obstacle était que nous sommes arrivés un peu tard dans l’après-midi et il fallait pagayer rapidement pour rejoindre l’îlot avant la nuit, qui tombait rapidement en Calédonie à cette période de l’année. Nous avons examiné notre paquetage pour n’emmener que le strict nécessaire (vous connaissez l’histoire « vous partez sur une île déserte, mais vous ne pouvez emporter que dix objets »?). Puis, nous avons sauté tant bien que mal dans les kayaks.

Nous ne pensions pas que la houle serait plus forte que nos coups de pagaie et, en conséquence, les deux équipages se sont retrouvés en détresse en mer (oui, j’exagère). Nous nous sommes plaints, avons lutté, j’ai pensé à Magellan dont je lisais la biographie, et finalement, nous avons touché l’îlot. Nous étions trempés comme des soupes, sous le vent qui s’est levé après la disparition du soleil. Tout avait commencé comme le début d’un film d’horreur, mais heureusement, notre savoir-faire de Robinson nous a sauvés. Nous avons récupéré le feu d’une famille qui quittait l’îlot et l’avons transformé en un « méga feu de bois » pour faire sécher nos vêtements mouillés. Rapidement, nous avons été encerclés par une armée de bernard-l’hermite.

Lucas a eu l’idée ingénieuse d’ouvrir des noix de coco et de les jeter loin pour les occuper. Très malin. Ils se sont bousculés pour gratter l’intérieur des fruits… « Une bataille lente et silencieuse », a analysé Lucas le philosophe. Après une nuit légère (pas de matelas, pulls mouillés, un sac de couchage pour deux…), nous nous sommes réveillés sous le soleil et avons remis nos kayaks à l’eau, légèrement inquiets. Mais le trajet de retour s’est déroulé tout en douceur, les kayaks ont obéi à nos coups de pagaie et nous nous sommes rapidement retrouvés au large du camping.

Le problème était que c’était marée basse et que l’eau avait reculé jusqu’au « tombant du platier », c’est-à-dire au niveau où le corail s’arrête pour laisser place aux profondeurs.

Et le côté pratique ?

Les douleurs musculaires ne dureront pas aussi longtemps que les souvenirs de cette semaine d’aventures et de randonnées dans les coins les plus reculés de la Nouvelle-Calédonie. Pour ceux qui sont intéressés, sachez qu’il est très facile de se procurer plusieurs guides gratuits dans les mairies et les offices de tourisme. Pour une semaine, nous avons loué notre voiture 40 000 francs pacifique (330 euros) et nous avons payé, pour le camping, entre 1700 francs par tente (au plus cher, soit 14 euros) et 500 francs par personne pour une nuit (4 euros).

Bref, c’est facile, c’est magique, pourquoi se priver?

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